La carte mentale à l’épreuve de l’oral

« Le mind mapping est la méthode d’organisation des idées la plus efficace de notre temps. Employée par des centaines de millions de personnes à travers le monde, elle permet d’améliorer de manière spectaculaire l’intelligence, la créativité, la communication, la concentration et la mémoire ».

C’est ainsi que Tony et Barry Buzan introduisent leur technique dans leur ouvrage intitulé « Mind map – Dessine-moi l’intelligence ».

La lecture de cet ouvrage et les nombreuses applications qui y sont expliquées m’a convaincue que la carte mentale avait sa place dans mes cours et tout particulièrement auprès d’élèves de 1ère L, anglais langue de complément qui préparent en deux ans une épreuve orale d’une grande exigence : 30 minutes d’oral dont 20 en interaction avec seulement 10 minutes de préparation.

Reconnaissons-le d’emblée : notre système éducatif prépare peu nos élèves à s’exprimer oralement. Ils sont souvent démunis dans cette situation, non par manque de connaissances mais par manque d’entraînement et donc d’aisance. J’ai fait ce constat en tant qu’examinatrice aux épreuves orales : la qualité du contenu ne suffit pas à assurer la capacité à communiquer un message, à défendre une problématique et à développer une argumentation nuancée.

De plus, les 10 minutes de préparation imposées excluent d’emblée toute technique de prise de notes in extenso si souvent adoptée par nos élèves pour se rassurer. C’est pourquoi j’ai exploré d’autres pistes et j’ai proposé aux élèves d’essayer ensemble d’adopter le mind map pour synthétiser en un temps record leurs idées autour d’une problématique.

Nous avons fait trois essais très convaincants que je vous livre ici en attendant d’aller plus loin dans notre exploration :

1ère étape : la carte mentale autour d’une problématique

J’ai demandé aux élèves de se regrouper par 3 et de dessiner une carte mentale autour d’une seule et unique problématique dégagée en fin d’une séquence consacrée aux élections présidentielles américaines. Une séance était consacrée à l’élaboration de la carte et une autre à sa présentation au groupe avec échanges d’avis et de commentaires. Dans un premier temps, je suis restée en retrait pour noter les difficultés des élèves. Je ne fus pas surprise de constater qu’un des obstacles majeurs à surmonter était de discerner ce qui relève de l’argument et ce qui a trait à l’exemple. De même, la capacité à nuancer un point de vue avec une contre-argumentation n’était pas aisée. Détecter ces difficultés m’a aidée à mieux organiser ma séquence pédagogique suivante.

2ème étape : la carte mentale pour organiser les connaissances pour mieux les mémoriser

A la fin de cette même séquence consacrée aux élections américaines, j’ai demandé à chaque élève de me dessiner une carte mentale pour synthétiser ses connaissances sur le système des élections du Président des Etats-Unis. J’imposais comme thème central The US presidential elections et 5 items : events, actions, people, places, symbols. L’objectif était de faire comprendre à un néophyte le système électoral en employant les mots clés et les expressions spécifiques tout en organisant le tout de manière visuelle et claire. J’ai eu le plaisir de constater que je n’avais pas une seule carte mentale identique. Chacun avait fait preuve d’un minimum de créativité et d’originalité. Certains avaient eu recours à des couleurs, d’autres à l’organisation spatiale, d’autres encore à la taille des mots clés. Nous avons conclu que la plus convaincante était celle d’une élève qui avait organisé le parcours chronologique des candidats et des électeurs sur deux axes distincts qui se rejoignaient au moment de Election Day et l’axe du candidat élu se poursuivait jusqu’à Inauguration Day et Inauguration Speech. Nous en avons conclu que chacun pouvait explorer différents modèles pour booster sa réflexion, sa créativité et sa mémoire. Pour l’enseignant, la correction de la carte mentale permet, d’un simple coup d’œil, de mesurer la bonne compréhension de l’élève. Ces travaux étaient notés en TP sur 10.

3ème étape : la carte mentale comme aide à la prise de parole en continu

A la fin d’une séquence intitulée British characters : what do they tell us about britishness ? chacun avait une présentation orale de 5 à 10 minutes avec cette consigne : Choose a British character, fictional or real, you find typically British. Justify your choice with striking characteristics about his/her personal life, occupation, hobbies, qualities and faults. La consigne était claire : les notes devaient être organisées sous forme de carte mentale.

Cette étape a été la plus difficile pour les élèves car certains, peu habitués à parler en public, se sont sentis démunis avec si peu de notes en main. Nous avons choisi de ne pas trop sanctionner ceux qui avaient encore trop rédigé leur discours, même en adoptant le mind mapping. J’ai demandé ensuite à chacun, en prenant en compte les commentaires de l’évaluation par ses camarades, de me refaire une carte mentale plus synthétique et de mieux dégager sa problématique.

4ème étape : la carte mentale comme outil de communication interactive

C’est la prochaine étape que nous nous sommes fixé pour la prochaine séquence consacrée à Earth Day. Chacun devra concevoir une carte mentale autour d’une problématique de son choix et la transmettre à un camarade de classe qui en fera une présentation orale. Ceci pour obliger les élèves à se confronter à la clarté de leur message, l’exhaustivité de leurs arguments, la pertinence de leurs exemples. Si leur carte mentale est claire, le message qu’elle véhiculera sera transmis de manière convaincante par un autre.

Les nouvelles exigences de notre métier nous obligent à défricher des nouveaux terrains pédagogiques. La carte mentale est un des outils à notre disposition pour élargir nos compétences. A vous de juger si elle a sa place dans vos cours.

 

 

3 commentaires sur La carte mentale à l’épreuve de l’oral

  • Article très intéressant, je partage :)

  • Bonjour. Félicitations pour la qualité de votre article et merci pour le partage. Je suis préfet des études et enseignant d’histoire géographie en collège dans l’Académie de Lille. J’utilise la pratique des cartes heuristiques dans mes classes et en formation, et persuadé de ce que ces outils visuels peuvent apporter, j’ai créé un blog pour partager le travail mené avec mes élèves et des collègues.
    http://classemapping.blogspot.com/
    J’ai également développé un outil de veille sur internet à propos des cartes heuristiques comme outil d’enseignement.
    http://www.scoop.it/t/classemapping
    Avec les collègues de langues nous avons remarqué l’intérêt des élèves pour cet outil et son efficacité. Nous aussi, nous avons tenté de faire travailler les élèves sur des cartes qui ne sont pas les leurs avec scepticisme au départ, car la carte est un outil très personnel. Mais à notre grande surprise cela a fonctionné et a permis d’en motiver certains.
    Encore merci pour votre article.
    Cordialement
    Lucas Gruez

    • Good Question

      MERCI de partager votre travail et celui de vos collègues sur votre blog. Les multiples illustrations que vous publiez montrent bien que chaque élève
      s’approprie le cours à sa manière. C’est cette diversité qu’il nous faut découvrir et encourager en tant qu’enseignants.