Le droit à l’erreur

En tant que pédagogues, nous sommes tous convaincus que l’erreur est une étape indispensable de l’apprentissage. Et pourtant, en tant qu’enseignants, nous ne nous donnons pas le droit à l’erreur. Pire : nous refusons le droit à l’erreur à nos élèves et à nos collègues qui débutent dans le métier.

C’est vrai que nous associons l’erreur au doute, au questionnement, à l’incompétence, à l’ignorance. Et si c’était le contraire ? L’erreur nourrit la réflexion, la recherche et l’innovation. Elle rime avec honnêteté intellectuelle et humilité.

Protégés dans nos armures de compétence et de performance, nous n’osons plus prendre de risques, et notamment le risque de nous tromper.

Expérimenter, repenser nos méthodes, tenter d’autres approches, faire autrement … et accepter de ne pas tout maîtriser à l’avance.

C’est LA leçon que je retiendrai de mon année de tutorat aux côtés de ma remplaçante. J’ai redécouvert, grâce à elle, le plaisir libérateur de questionner et de se questionner. C’est le début de l’aventure, la vraie : celle qui nous incite à porter un regard neuf sur ce que nous faisons dans nos classes « par habitude ».

 

Démarrer dans le métier n’est pas un handicap, c’est un privilège.

Mais combien sommes-nous à dérouler le tapis rouge devant nos collègues qui foulent, pour la toute première fois, le sol d’une école ?

Combien sommes-nous à les accueillir avec leurs différences, leurs imperfections et leurs multiples questions ?

Combien sommes-nous à les accompagner sur leur propre chemin sans les inviter – avec insistance – à suivre nos pas ?

Combien sommes-nous à accepter d’être questionnés sur notre pratique sans y voir systématiquement une remise en cause de nos choix pédagogiques ?

Reconnaissons-le en toute humilité : ce que nous savons aujourd’hui, nous l’avons appris au contact avec nos collègues et nos élèves et pas seulement sur les bancs de l’université. On n’est pas enseignant le jour où on réussit un concours de recrutement mais on le devient, au fil du temps, dans l’exercice quotidien de notre métier.

Alors au lieu de reprocher au professeur débutant « de ne pas être à la hauteur », « de se tromper », « de faire fausse route », « de ne pas savoir gérer sa classe », remercions-le plutôt de nous donner cette chance unique d’apprécier, à sa juste valeur, le parcours que nous avons nous-mêmes effectué et celui qu’il nous reste à parcourir.

Prochain article : l’autorité de l’enseignant

 

 

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