« C’était la toute première fois que l’on me félicitait pour mon travail ! »
Adrien – j’ai modifié son prénom – est en première. A l’occasion d’un entretien pour l’orientation, il me raconte sa toute première expérience professionnelle. Sa remarque m’interpelle et je lui demande de m’en dire plus. Adrien me confie que dans le cadre de l’école, il n’a jamais été encouragé et encore moins félicité. Élève peu scolaire, il s’est contenté toutes ces années « d’assurer le minimum » – ce sont ses propres mots – et quand bien même il a essayé d’en faire plus, aucun professeur ne l’a remarqué… alors il continue à ne pas s’impliquer « plus que ça ».
Les mots d’Adrien me font l’effet d’un électrochoc et je ne peux échapper à cet examen de conscience :
Est-ce que je sais encourager et féliciter mes élèves ?
Avouons-le d’emblée : nous avons la critique facile quand il s’agit de porter un jugement sur le travail et/ou le comportement d’un élève. Je l’avoue volontiers : il me faut faire des efforts au quotidien pour prononcer le compliment que mérite tout élève qui fait ou a fait des efforts.
Je sais bien, qu’en tant que professeurs, nous rechignons à féliciter nos élèves sous prétexte qu’ils seraient tentés de relâcher leurs efforts si nous relâchons « la pression ». Je pense notamment à la « pression bénéfique » que nous prétendons exercer sur nos élèves de terminale à quelques mois de l’examen final. Mais si nous nous appliquons cette « recette » à nous-mêmes, est-ce que nous serions pas très vite démotivés si nous n’avions pas, de temps à autre, un encouragement, si minime soit-il, pour nos propres efforts ??? Est-ce que nous nous plaignons pas fréquemment du manque de reconnaissance pour notre implication professionnelle ???
Alors commençons par nous fixer une règle toute simple qui est applicable à toutes nos classes et à tous les niveaux :
un encouragement et un compliment au minimum par cours !
Je vous assure que cette règle toute simple est réellement très efficace. Il nous suffit de faire l’effort de prononcer, à voix haute, nos messages de bienveillance. Cela devient très vite une habitude, un réflexe même. Notre récompense à nous ? Le sourire et la fierté de l’élève que l’on encourage ou que l’on félicite au moment de lui rendre sa copie, d’évaluer sa prestation orale, quand il se porte volontaire sur une tâche facultative, ou simplement à l’occasion d’une bonne réponse à la question posée. Essayez, vous verrez : c’est purement et simplement magique !
Dans un petit livret que je remets à mes collègues de primaire en formation, Say it in English! 120 useful expressions of classroom English, j’ai répertorié une vingtaine d’expressions pour encourager et féliciter les élèves pour éviter les formules passe-partout : good, very good, excellent.
Si nous y réfléchissons bien, nous avons de multiples formules bienveillantes à notre disposition.
En voici un petit échantillon :
- Pour soutenir les efforts : « Good effort. Keep it up! », « You’re almost there! », « Don’t give up! », « Don’t worry. You’ll do better next time. », « Don’t be discouraged. », « I can tell you DID make an effort this time ! » , « I really appreciate your efforts ! »…
- Quand nous voulons que l’élève fasse preuve d’un peu de bonne volonté « I’m sure you can do better than that. Please TRY! »…
- Pour marquer les progrès : « That’s better! », « Much better! », « Much improvement ! », « You’ve made a lot of progress! »…
- Pour féliciter : « Congratulations! », « Well done! », « Brilliant! », « That’s just perfect! », « Good job! », « PERFECT », « I couldn’t have done better myself », « Very inspiring! », « Thank you. I really enjoyed your oral presentation / correcting your copy ! »…
- Pour ponctuer une bonne réponse ou une remarque pertinente: « Good point! », « Quite right! », « That’s perfectly correct! », « That’s perfectly right. I have nothing to add. », « Very pertinent! »,…
N’oublions pas que l’intonation joue un rôle déterminant dans le message d’encouragement et/ou de félicitation. Les mots clés sont accentués et l’intonation est descendante sur toutes les phrases exclamatives. De même, nous devons fixer du regard l’élève à qui nous adressons ce message. Notre regard, au moment même où nous prononçons ces quelques mots, grandit l’élève, le hisse sur un piédestal, le fait se sentir UNIQUE. Pour l’avoir vécu de nombreuses fois, j’ai vu cet éclair de reconnaissance dans les yeux de celui qui obtient cette faveur bien méritée, la juste récompense de ses efforts … et ce quelle que soit sa note chiffrée !
De même, quand je corrige mes copies, je m’oblige à regarder la dernière note de l’élève dans la même compétence avant d’écrire mon appréciation. Comme je suis visuelle, je dessine une petite pastille verte quand l’élève est en progrès … et une rouge quand sa note est en baisse. Plus il est en progrès ou en régression, plus la taille de ma pastille grossit !!
Je classe les premières copies par rapport aux progrès réalisés - la taille de la pastille verte – et je pense à féliciter ces élèves devant toute la classe avant même de rendre le paquet de copies. Ceci met en valeur le cheminement de l’élève, le parcours qu’il a effectué plutôt que de pointer un simple résultat qui, sorti de son contexte, n’a guère de valeur. Pour tous les élèves qui peinent à nous suivre ou ceux qui, comme Adrien, ont besoin d’être félicités pour leurs efforts ponctuels, cette pratique peut faire TOUTE la différence. Ils se sentent reconnus dans leurs efforts et encouragés à continuer sur cette voie.
Et vous, quelle technique avez-vous adoptée pour encourager vos élèves ?
Prochain article : le plaisir de lire à un niveau A2