Expérimenter de nouveaux outils pédagogiques

L’expérimentation du jeu de cartes Grammar Cards a duré trois ans, de 2003 à 2006. Elle a mobilisé 2000 élèves de primaire et de collège  en France dans plusieurs académies – Grenoble, Orléans-Tours, Aix-Marseille, Rennes – et à l’étranger. Elle a  impliqué 78 classes différentes  dont certaines avaient un profil bien particulier : classes européennes, classes à effectif réduit avec élèves en difficulté scolaire, classes pour enfants précoces, classes en milieu hospitalier, home schooling, classes d’intégration pour étrangers, classes en plein air à Banda Aceh pour des enfants rescapés du tsunami.

En quoi  a consisté cette expérimentation?

J’ai proposé à mes collègues d’expérimenter les Grammar Cards mises au point avec le petit groupe d’élèves en difficulté que je mentionne dans l’article « Les artisans de l’innovation ». J’ai distribué gratuitement 1500 jeux à tester en donnant la priorité à des élèves dans des situations d’apprentissage difficiles ou hors-normes. Deux fois par an, les professeurs concernés par l’expérimentation ont répondu à un questionnaire sur leur utilisation du jeu en classe. A partir de leurs observations, critiques et suggestions, mais aussi grâce à ceux de leurs propres élèves, le jeu a évolué et a connu diverses versions avant d’être finalisé pour sa publication en 2008.

Dans un prochain article, je détaillerai les étapes successives que j’ai suivies -  de la création de la structure associative  à but non lucratif « Les Cartes en Main » à la publication de l’outil pédagogique -  pour vous inciter à vous lancer dans cette même démarche expérimentale.

 

Qu’avez-vous retenu de cette démarche collective?

L’expérimentation, telle que je l’ai vécue avec tous mes collègues, nous a donné l’occasion de sortir de l’isolement de nos classes et d’explorer d’autres pratiques pédagogiques en toute confiance sans avoir peur d’être jugés ou évalués.

A titre personnel, j’en ai tiré une  grande leçon d’humilité car, comme vous pouvez l’imaginer, accepter d’avoir son travail et sa recherche pédagogique disséqués et critiqués par des collègues n’est pas chose facile, surtout quand on est aussi perfectionniste que moi !! Dans mes propres classes concernées par l’expérimentation,  j’ai compris qu’en prenant le temps d’observer mes élèves en action et de les écouter échanger entre eux,  je pouvais mieux détecter leurs difficultés et donc mieux répondre à leurs besoins.

Grâce à cette expérience inédite, j’ai mieux mesuré le besoin d’accompagnement pédagogique, de partenariat, d’innovation que nous partageons tous … sans oser nous lancer dans cette démarche collective d’expérimentation de nouveaux outils pédagogiques.

Soyons-en convaincus : l’Europe de l’expérimentation pédagogique est encore en construction. A nous de trouver notre place sur cet immense chantier !

 

prochain article : des jeux pour apprendre


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